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Retranscription du Tuyau, numéro 10, page 7 (16 septembre 1915)

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Un "Match de boxe" au 4e Camp

L'annonce d'un "match de boxe" avait attiré dimanche une foule nombreuse au 4e camp. Dès 3 heures on se pressait autour du ring. Des bancs supplémentaires durent être apportés au dernier moment pour les nobles étrangers venus des provinces voisines. Les Anglais n'avaient pas craient de traverser le détroit, et l'on notait jusqu'à la présence de nombreux Moscovites. Le "Tuyau" toujours à l'affût avait naturellement envoyé son chroniqueur sportif qui ne fut pas peu etonné, en pénétrant au foyer où il croyait découvrir les combattants de tomber sur deux minois charmants qui procédaient à leur toilette et l'accueillirent d'un gracieux sourire. Le chroniqueur sportif n'est pas de bois, il était sur le point d'oublier son devoir professionnel lorsqu'un coup de gong le rappela à la réalité. Mais ce coup fut suivi d'un second, et puis d'un troisième, fait unique dans les annales de la boxe, le chroniqueur sportif croit les arbitres devenus subitement fous, il allait leur dire leur fait lorsqu'il fut aussitôt assailli par une bande d'énergumènes, dont un garçon limonadier, qui, après lui avoir tous serré précipitamment la main lui disant que le "un allait commencer". Abasourdi le chroniqueur sportif regagne sa place d'où, le premier moment de stupeur passé, il se délecta à la plue agréable des fantaisies. Le Match de boxe, tel que le conçoivent MMrs Frappa et Dupuy Marcel n'a rien de brutal puisqu'il finit, en quelque sorte, avant d'avoir commencé, l'un des adversaires étant mis proprement Knock-out, avant même que de monter sur le ring, par un coup direct au coeur que lui porte une charmante demi-mondaine répondant au doux nom d'Yvette. Jim Trimbell champion américain et triste héros de cette lamentable aventure, vaincu en effet par les charmes de cette aguichante créature, perd à son contact tous ses moyens pugilistiques et se fait rosser d'importance par le représentant des couleurs françaises. Mais son écrasement, sauf pour lui qui en conservera quelque temps les traces sur la figure, a les plus heureuses conséquences, puisqu'il met en évidence la rude bonté et l'âme chevaleresque de l'américain Kimberley et lui acquiert à jamais l'affection de celle qu'il chérit et à qui, dans un élan de générosité, pour sauver la vie d'un rival malheureux, il avait eu l'héroisme de renoncer.
Mr Camille Larché, qui a toutes les audaces, puisqu'il n'a pas craint de monter cette pièce en trois actes a campé de magistrale façon le rôle de l'Américain Kimberley, sportsman convaincu et naivement cynique, qui dissimule sous une armature d'acier, un coeur tendre et généreux. Avec une aisance parfaite, qu'il fût entraîné dans le feu de la discussion, ou qu'il sussurât à sa belle des propos d'amour, il a trouvé l'attitude et le ton juste et il n'est pas jusqu'à ses silences qui ne furent parfois éloquents. Flegmatique et déoupé à souhait Mr Mauricelle fut un manager devoué et plaisant. Résigné et finement comique sous les traits de Jim Trimber, le champion américain, Mr A.Boudain qui montait pour la première fois sur les planches fût une très heureuse révélation. Mr Vacherot, qui est un gentleman, en fait goûter tout naturellement la conduite et les aspirations.
Mr Mundler, dans le rôle ingrat du confident, eût des hésitations toutes naturelles devant, les problèmes fort compliqués que ses amis lui demandaient de résoudre. Episodique, Mr Pairault, que servait en l'occurence sa calvitie présenta un Barman digne, sagace et spirituel comme on aimerait a en rencontrer aux heures où l'on essaie de noyer son ennui dans quelques coktails.
A ces dames maintenant qu'elles m'excusent si je les mentionne en dernier alors que la bienséance et la politesse exigent généralement le contraire, mais j'ai craint qu'elles ne m'en voulussent de les assimiler trop à un sexe dont elles se flattent j'en suis sûr de n'avoir que les apparences extérieures. Mr Roux fût une charmant héritière dont les sentiments délicieux ont tôt fait de vaincre la rosserie. Mr Durieux en Yvette fut tout simplement inénarrable et si je ne craignais de froisser en lui les sentiments d'un guerrier, plus faible pour chasser la grue que pour la singer, je dirais qu'il semble avoir été créé tout spécialement pour le rôle, ? il l'a joué avec naturel et ?.
Les emplois du second plan, habilement tenus assurèrent à l'ensemble une exécution parfaite. Les décors et les costumes que composent d'ingénieuse façon MMrs Lemoyne et Cie font le plus grand honneur à leur esprit inventif et à leur richesse d'imagination.
G.G.J.


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