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Retranscription du Tuyau, numéro 35, page 1 (23-30 mars 1916)

Le N°10 Pfg. 23-30 Mars 1916 N°35

LE TUYAU

Organe indépendant des Prisonniers de Quedlinburg.

Rédacteur en Chef: J.Monjour

Rédaction Administration Baraque 6.A

Parait le jeudi

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- Pour après la guerre -

Les anciens de Quedlinburg - Ce que deviendra le "Tuyau" - Notre Bottin

La captivité aura au moins eu cela de bon (il est avéré que les plus mauvaises choses ont toujours leur bons côtés) c'est de nous permettre de nous étudier nous-mêmes, de nous apprendre à nous connaître les uns les autres et de nous créer des amis toutes choses qui ne sont pas aussi simples qu'elles en ont l'air et que l'on n'a pas toujours le temps de faire avec tout le soin nécessaire dans la vie courante.

Le guerre finie, lorsque nous aurons réintégré le foyer familial et repris le cours de nos occupations quotidiennes, que deviendront ces relations et ces amitiés nées de la captivité?

Le lien tissé des mêmes soucis et des peines communes qui nous unit tous si étroitement aujourd'hui, se brisera-t-il soudainement dès que les fils de fer barbelés auront disparu de notre horizon?

Il ne le faut pas!

Il ne faut pas que les obligations d'une vie nouvelle, les nécessités du labeur journalier, les joies multiples que nous escomptons du retour nous fassent oublier les compagnons des mandes heures. Nous nous devons les unes les autres de tenir les promesses que nous nous sommes mutuellement faites; il ne faut pas que nos amitiés sombrent dans l'indifférence, et que l'oubli, qui vient si vite, les détruisent ou les amoindrissent. Il ne faut pas que dans quelques années, ceux qui furent les confidents de nos joies et de nos peines, de nos espoirs, nous apparaissent comme des étrangers, des relations vagues et lointaines, auxquelles l'on songe une fois l'an, au moment des cartes de visite!

Pour nous "assurer", nous-mêmes contre notre propre apathie, nous permettre de continuer et de consolider dans la paix et sur la terre de France, les amitiés nées dans l'exil de la captivité, deux de nos collaborateurs et amis, viennent d'avoir une excellente idée. je me fais un plaisir de publier ici la lettre qu'ils m'ont adressés à ce sujet, les lecteurs du "Tuyau" pourront la méditer à loisir, mais je ne doute pas que le projet ne "les emballe" et qu'ils s'y rallient en grand nombre.

Mon cher Monjour

Il y a quelques mois, dans un de ces articles de tête du "Tuyau" où nous avons le plaisir de reconnaître votre style clair et alerte, vous avez donnée cours à votre imagination qu'une paillasse astucieusement pliée en divan et quelques cigarettes anglaises avaient mis au jour là tout à fait entrain.

Elle nous a emmenés très loin des fils de fer barbelés et des années de malheur où le canon gronde, trente-cinq ans après celui dont le calendrier tout pimpant neuf, vous a inspiré, il y a déjà trois mois, des voeux


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