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Retranscription du Tuyau, numéro 35, page 6 (23-30 mars 1916)

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- Chronique agricole -

Le cultivateur est parmi les travailleurs un de ceux qui doivent fournir la plus grosse somme d'efforts pour gagner leur vie. Il a des charges multiples, le fermage chaque jour plus élevé, les contributions chaque jours plus fortes, ma main d'oeuvre rare et chère (et que seront contributions et main d'oeuvre après la guerre)? l'achat d'engrais de semences, de nourritures, les intérêts hypothécaires etc... Il en sort plus ou moins facilement, mais le plus souvent ce n'est pas sans raison qu'on l'entend de plaindre des difficultés de l'existence. Mais cependant, a-t-il bien fait son examen de conscience? Si les plus vieux parmi les campagnards voulaient se rappeler ce que leurs parents leur racontaient sur le temps passé, ils se rappelleraient qu'il a existé un époque où il n'y avait ni chemin de fer, ni navigation à vapeur, ni grandes usines, rien de comparable à ce que nous voyons maintenant.

L'agriculture, elle, employait sensiblement les mêmes méthodes qu'à l'heure actuelle. Toutes les autres industries se sont perfectionnées, la machine a partout et de plus en plus remplacé la main de l'homme, celui-ci n'est plus qu'un cerveau directeur, il n'y a plus qu'en agriculture que le travail de l'homme prédomine sur celui de la machine. Or il faut admettre que le métier de cultivateur ne peut plus être ce qu'il était dans le temps tout a évolué, il faut évoluer, et le cultivateur doit se rendre compte que pour cultiver aujourd'hui, il ne suffit plus de savoir conduire la charrue mais qu'il faut des connaissances en tout, qu'il faut savoir marcher avec le progrès et que le progrès ne s'arrête pas. L'agriculture de demain sera toute autre encore que l'agriculture d'aujourd'hui, il faudra donc dans l'avenir que le cultivateur prouve à ses enfants une instruction solide leur permettant de s'assimiler tout nouveau progrès et d'en être les artisans. Les garçons mis à l'ouvrage avant même qu'ils n'aient parfois terminé leurs études primaires, resteront toute leur vie des manouvriers que la lutte pour la vie écrasera et ce n'est pas le maigre héritage qu'ils pourront se partager plus tard qui changera leur triste condition sociale. Les cultivateurs doivent se pénétrer de cette vérité que le plus grand bien qu'ils puissent laisser à leurs enfants, c'est l'instruction. a l'heure actuelle, la culture est devenue l'un des métiers qui demande la plus grande somme de connaissances diverses: Mathématiques, chimie, histoire naturelle, Géographie, connaissances commerciales, droit civique. Comment un fermier pourra-t-il prospérer s'il ne connaît pas exactement l'appréciation des terres, des locaux, des conditions des baux lorsqu'il reprend une ferme, s'il ne possède pas quand il l'exploite la connaissance complète des procédés et instruments de culture, des engrais, des variétés de plantes cultivées, de la destruction des parasites animaux et végétaux, du prix de revient des récoltes, de l'achat et de la vente des produits s'il n'a pas de même la connaissance approfondie des animaux, de leur élevage et de leur sélection de leur rationnement et de leur exploitation, de leur achat et de leur vente, si enfin, il est incapable de tenir du tout une comptabilités rigoureuses qui à chaque heure, le renseigne, lui permette plusieurs années après de se rappeler le résultat d'une spéculation, d'éviter de retomber dans une erreur ou au contraire de recommencer une opération fructueuse?

Comment diriger une exploitation si l'on ignore ce qui y est cause de bénéfices, ce qui y est cause de pertes et parmi ce qui donne du bénéfice ce qui donne le bénéfice le plus fort avec le moins de risques.

De plus en plus le cultivateur doit par la force des choses disparaître et faire place à l'agronome. Qui ne veut pas disparaître doit évoluer donc, cultivateur, préparez vos fils à cette évolution, demain être cultivateur ce sera être à la fois, mécanicien, comptable et chimiste, faites votre possible pour leur permettre cette évolution.

La terre de France a été longtemps une généreuse nourrice, labourage et pâturage étaient devenus les mamelles de la France, mais mamelles si généreuses que nous avons


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