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Retranscription du Tuyau, numéro 42, page 3 (22 juin 1916)

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les arêtes épousent grossièrement la forme de deux figures évoquant la légende des "Deux Amants". De petites maisons basses, des villages dissimulés au pied des coteaux, quelques îles inhabitées, un canot qui s'enfuit à notre passage sont autant de détails qui complètent heureusement la paysage que nous traversons. Quelques crêtes persistent encore, faisant contraste par leur blancheur avec la nature environnante, des masures violettes se cramponnent à leur flanc au milieu des arbres, la forêt, aux teintes magnifiquement sombres, se précise sur les deux rives, s'estompent à l'horizon……………………… Et la sombre forêt s'endort dans le lointain…………….. Près du fleuve, de gros bœufs rouges et blancs paissent tranquillement l'herbe grasse ou ruminent couchés à l'ombre des pommiers. Bientôt c'est une série de toits composites jetant leurs notes bigarrées sur la campagne voisine, une île divise le fleuve en son milieu, nous distinguons nettement maintenant la petite ville de Pont de l'Arche, joli nid au milieu des prairies et des bosquets. Les chalands et remorqueurs sont croisés en plus grand nombre, quelques canots automobiles, qui vrombissent avec force, agitent les eaux paisibles faisant danser mollement les barquettes qui se risquent dans leur sillage. Nous passons Oissel, puis Port St Ouen, la route qui longe le fleuve est sillonnée de nombreux cyclistes, excursionnistes pour la plupart.

A port St Ouen quelques ruines mal définies se devinent au passage et ajoutent à la vieillerie générale de ce petit bourg.

Le fleuve s'élargit, nous laissons à notre gauche une île à la végétation intense et apercevons St Adrien but de promenade de nombreux Rouennais. Au bord de l'eau des couples joyeux sont attablés ) l'ombre des pommiers et des tonnelles sous un véritable plafond de verdure, d'où émane une grande fraîcheur. Dans le lointain la musique des bals champêtres se fait entendre, mélangée aux cris joyeux des danseurs. De nombreux canots, des yoles sont amarrés pêle-mêle ou quelquefois en grappe, d'autres arrivent, un petit bateau mouche congestionné de promeneurs se presse de les amener dans ce site enchanteur, les passeurs font force de rames pour aller et venir d'une rive à l'autre, car la clientèle paie royalement et c'est pour eux le meilleur jour de recette de la semaine. Une petite église, au terre plein plus élevé que celui du village, est creusée dans le roc et n'offre qu'un seul mur extérieur gris, son clocher effilé effleure le rocher. Les hautes collines qui entourent St Adrien semblent se resserrer entre le fleuve et leurs flancs rapides. De jolis villas en bois aux toits de vieilles tuiles s'entre coupant ont eu l'audace se s'accrocher à ces pentes comme pour jouir d'avantage de la félicité de l'endroit.

André Guettier

( A suivre)
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