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Retranscription du Tuyau, numéro 6, page 7 (19 août 1915)
Amis soyons forts (suite et fin)
A en juger par les témoignages de sympathie et d'encouragements que nous avons reçus de divers côtés, il semble que notre campagne en faveur de la "culture physique" ait commencé à porter ses fruits. Pour compléter de façon pratique notre étude le Professeur Lagnous, professeur de culture physiques à Tarbes, dont les conseils nous ont été fort précieux et à qui nous nous plaisons à rendre hommage a bien voulu dresser, à l'usage de ceux que la question intéresse et dont quelques-uns nous l'ont d'ailleurs demandé, un tableau des principaux mouvements pouvant être mis à profit même par ceux qui sont astreints à des corvées journalières, mouvements dont la pratique ne saurait par conséquent entraîner d'excessives fatigues et qui, dans les conditions spéciales où nous sommes présentent en quelque sorte le maximum d'efficacité, eu égard aux efforts exigés. Ce tableau, nous le répétons, n'a pas la prétention d'embrasser tous les mouvements que l'on devrait normalement envisager en vue d'une culture minutieuse du moi physique. S'adressant à des hommes dont la nature a été plus ou moins soumise à de déprimantes influences et qui ne disposent ici que de moyens limités, il ne vise que les exercices les plus aptes à effacer les traces des fatigues passées et à reconstituer l'organisme en assurant le parfait fonctionnement des trois maîtres rouages de la machine humaine: la circulation, la respiration et la digestion. Pour ceux qui voudraient pousser plus à fond leur entraînement, et d'une façon générale pour tous ceux qui, encore hésitants, tiennent à se convaincre des bienfaits et des conséquences de cette gymnastique spéciale, le "Tuyau" prépare un opuscule dans lequel ils trouveront developpés les principes d'éducation physique qui, appliqués à leurs propres personnes, à celles de leurs compagnes et à celles de leurs enfants, doivent assurer aux générations à venir la surté, la force et la beauté. Avant de clore cette étude, nous voulons nous excuser auprès de ceux de nos lecteurs que la "culture physique" peut laisser indifférents, d'avoir accaparé un nombre respectable de colonnes au détriment de nouvelles ou de fantaisies (censure) qui les auraient peut-être davantage captivés. Le séjour malheureusement prolongé que nous sommes appelés à faire ici, permettra certainement au "Tuyau" de les dédommager au cours des semaines à venir et nous espérons qu'il ne nous en tiendrons pas rigueur. Au reste un jour viendra peut-être où, devant l'exemple de leurs compagnons, ceux-là même qui se montrèrent encore les plus réfractaires, se risqueront à faire les premiers pas dans cette voie d'accès si facile, et se laissant doucement aller à la pente entraînante, seront à la fois tout étonnés et satisfaits d'avoir, en se jouant, atteint le but. Nous n'osons pas encore rêver d'une France où chaque matin, fidèles à leur entrainement comme à une prière, tous les Français à quelque classe de la société qu'ils appartiennent, ayant enfin compris le devoir qui leur incombe et reconnu la portée de ces actes si simples, livreraient leurs corps aux sains exercices de la culture physique. Mais on y devra venir, et la terrible épreuve que nous devons traversons, superbe école de courage et d'énergie sera peut-être aussi la source bienfaisante d'où jailliront plus fortes et plus résistantes, nos lignées futures.
G.G.J.Critique musicale
Les programmes de l'orchestre symphonique du 1er camp ne sont pas en général dépourvus d'intérêt. On y trouve, mélangé avec règle, des oeuvres nouvelles et des oeuvres connues, des oeuvres qui plaisent, indifférent, ennuient, surprennent ou charmes, de belles oeuvres et des oeuvres dépourvues de tout intérêt. Je n'ai pas encore rencontré la grande oeuvre, celle qui émeut, qui transporte, qui passione. Quoique la gloire (?) de l'orchestre du groupe Musical du 1er Camp soit assez nouvelle, je ne reviens pas sur les concerts passés d'où émane tant de succès. Je me contente aujourd'hui de l'examen du dernier, exécuté au 3e et au 4e camp. Il commença avantageusement avec l'ouverture du Calife de Bagdad. Nul n'ignore cette ouverture. Son exécution brillante produit toujours beaucoup d'effet sur le public dont il déchaine sans manquer des tonnerres d'applaudissements. Nous entendîmes aux deux derniers concerts le brillant morceau et deux fois nous êumes les applaudissements. La 2e exécution a été bien supérieure à la 1ère en dépit de la fatigue occasionnée par un concert épuisant. Mr Léo Pouget dans sa suite Albanaise n'a été ni nouveau, ni original. Ses phrases sont faciles, claires, mais sans grande envergure. Le 2e partie "Danse des Mouchoirs" est incontestablement la plus intéressante. Nous avons entendu avec plaisir une fantaisie sur Werther. Je ne parlerai pas des qualités ni des défauts du drame lyrique universellement connu du grand compositeur J.Massenet. Nous avons pu évoquer le souvenir d'une charmante soirée passée au fond d'une loge dans la salle de la rue Favart. Le manque dans l'orchestre d'un instrument indispensable sera un écueil pour l'éxécution de tout morceau. Celle-ci a été confuse. Nous nous attendions à mieux. La 3e partie nous a permis d'entendre le Rondo alla Turea bien connu de la sonate en la Majeur (et non en la diese comme je lis sur le programme) de Mozard. Il a été rendu avec assez d'adresse. L'orchestre pourtant, semble n'avoir jamais étudié Bach ou ne s'en est pas inspiré à en juger pas l'exécution de ce Rondo, comme parcelle de la petite Gavotte, Réverenois, de Mr E.Gille. D'une façon générale, l'orchestre manque d'homogénéité, les instrumentistes d'individialité! Les morceaux ne sont pas au point. Pourtant je constate à chaque concert un progrès sur le précédent. Sans doute nous entendrons sous peu de bons concerts. Intérim
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