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Retranscription du Tuyau, numéro 8, page 2 (2 septembre 1915)

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fiante et c'est en mémoire de son sauveur, le petit chien Quedl qu'elle fonda l'abbaye de Quedlinburg!
Mais nous approchons de la ville, voici le petit jardin devant lequel nous sommes passés l'an dernier, et où il y avait tant de monde pour voir le défilé de notre triste cortège, il est aujourd'hui moins peuplé! Quelques enfants jouent au cerceau, d'autres s'amusent à construire des petites fortifications de sable sous les yeux mélancoliques et rêveurs de dames en deuil! Des vieillards assis à l'ombre, lisent les journeaux. Voici l'hopital! Devant la porte un groupe de blessés et des convalescents, des invalides se promenent lentement soutenus par des dames infirmières, certains nous saluent militairement!
Nous sommes en face de "Wehrenpfennigshe Gärtnerei" par une porte entre ouverte, nous aperçevons une mer de fleurs de toutes nuances, l'air est délicieusement parfumé. Nous parcourons l'Adelheidstrasse, en passant nous pouvons jeter un coup d'oeil rapide sur le Siegesdenkmal, monument commémorant la part prise par le 7e Cuirassiers à la Bataille de Mars-la-Tour en 1870.
Nous arrivons enfin dans la Bahnhofstasse, d'immenses drapeaux flottent aux fenêtres, des oriflamments pendant aux balcons. Nous nous informons de la demeure de notre dentiste, un quidam nous renseigne et nous apprend par la même occasion que : "Brest-Litowsk ist gefallen!"
(A suivre)
J.Monjour

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Propos d'un prisonnier

"Les malades à la visite"

A l'heure où tous sommeille dans la baraque pleine d'ombre passe le "Ramasseur de Malades". C'est au 1er Camp, un musicien de haute taille, au nom redouté des filles, une large barbe et un embonpoint naissant ajoutent encore à sa mâle prestance. Vous l'imaginez déjà coltinant par la peau du cou et jetant dans un grand sac ou une hotte ses habitués fidèles et ses clients d'un jour. Rassurez-vous, il se borne à ramasser de tous petits bouts de papier qu'il porte au bureau de la Compagnie. Vers huit heures paraît notre ami Gustave, que le goût et l'expérience des chevaux prédestinaient sans doute aux fonctions d'infirmier. Mince et souple, il en porte avec crânerie la blanche casaque. Le Dimanche son cri rituel "les malades à la visite" fait place à un appel "aux Morts". Mais cette variante quelque peu macabre n'a d'autre but que d'insister sur la gravité requise de toute maladie dominicale.
Le Major est signalé: il entre au camp, svelte et brun. Gascon, qui vous avanciez naguère à longues enjambées, le Képi en arrière et les deux mains dans les poches, vous nous avez quittés sans regrets pour la douce Patrie et les bords heureux du Lot. Votre successeur est le fils blond de la Sainte Russie. Solidement campé sur ses larges bottes, l'oeil perçant derrière les lunette d'or professionnelles, suivi de son cortège d'interprètes, infirmiers et porteurs de boîtes, il pénètre dans la baraque x A, où doit avoir lieu la visite.
Là, en rangs plus ou moins serrés selon la rigueur des temps et les jours fastes ou non, rhumes et coliques, eczémas et compère-loriots, flémengites, palpitations et rabotschiphobies l'attendent de pied ferme.
Un examen rapide, puis en route pour l'infirmerie. Humble petite baraque de l'hiver dernier, qu'êtes-vous donc devenues? Dans une large salle d'attente, splendide Pyjama se promène et fait la police. Il vient à moi, me serre la main avec un "Tu vas bien" et un large sourire, qui me rappelle douloureusement la supériorité dentaire des races noires.
A l'autre aile se trouve la salle de consultation et de pansements. Un activité bienfaisante y règne et sans distinction de patrie, la science et la bonté rivalisent pour adoucir les maux qu'a causés la guerre.
Cependant l'infirmerie me paraît aujourd'hui presque vide. Comment en serait-il autrement, sitôt après le départ de la cohorte joyeuse et sonore de tous les Midis de la France. A la table même des interprètes, il est un visage ami que je ne retrouve plus.
11 heures. A la faveur d'une corvée qui passe, nous regagnons le camp. Beaucoup rapportent comme un viatique précieux, l'exemption de service qui adoucira quelque temps leur vie de prisonniers.
Saussier

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Nous commençons dans ce Numéro la publication d'un grand roman fantaististe dû à la collaboration de six de nos Rédacteurs :
Le Mystère de la femme au Poignard.


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