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Retranscription du Tuyau, numéro 8, page 5 (2 septembre 1915)

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La vie musicale
Provinciale

Si le deuxième concert manque de quelque chose, ce n'est certes pas d'organisation, la réglementation en fut véritablement toute militaire. Au point de vue de l'exécution proprement dite, j'ai trouvé le deuxième concert très supérieur au premier. Est-ce l'adjonction à la musique de nouveaux violons et d'une contrebasse d'une excellente sonorité? Est-ce l'adaptation évidemment de plus en plus grande de chaque musicien aux conditions de l'orchestre dont il fait partie? Toujours est-il que cet orchestre a donné cette fois-ci une impression d'ensemble et d'homogénéité qui lui manquaient un peu la dernière fois. J'ai remarqué à nouveau le coup de baguette net et précis de l'excellent chef d'orchestre Mr Chatenet et c'est bien sincèrement que je l'ai félicité des résultats obtenus, malgré des difficultés matérielles sans cesse renaissantes.
Au point de vue musicale pur, le programme n'était peut-être pas d'un intérêt extrême. Mais ce n'est pas un reproche.
La musique du Camp de Quedlinburg a pour mission de distraire et d'égayer (la gaieté est de rigueur, me suis-je laissé dire) l'ensemble des prisonniers. Or, il est bien certain que ceux d'entre eux qui fréquentent avec ferveur les concerts classiques ne sont qu'une très petite minorité. D'où l'obligation de mettre copieusement au programme cette musique dite "facile", dont les valses, les marches et les airs connus d'opérettes forment différentes manifestations. C'est ainsi que la valse mélodique "Sympathie" de Mezzacap que j'ai entendue un peu trop souvent et qui fut enlevée dimanche dernier avec entrain par nos amis du premier camp, a paru fort goûtée par l'ensemble des assistants. Mr Chatenet a de même, tout à fait raison de ne pas aborder les morceaux classiques du répertoire avec des moyens matériels insuffisants. C'est ainsi qu'un de ses deux pistons se trouvant immobilisé, il a remplacé à la fin du programme "la Marche du couronnement du Prophète" annoncée au "Tuyau" par "L'Amour forgeron" de F.Simon, d'un intérêt musical beaucoup plus restreint. Mais "L'Amour forgeron" a été rendu parfaitement et nous a donné quelques instants la vision agréable des apéritifs-concerts des grands cafés parisiens ou autres, tandis que la "Marche des Prophètes" nous aurait rappelé peut-être facheusement les essais de grand-opéra de l'ancien théâtre des Batignolles (Aujourd'hui "Théâtre des Arts" et tout à fait rénové). Félicitons donc nos camarades de la façon intelligente dont ils comprennent le rôle de leur orchestre et remercions-les à nouveau de leurs efforts jamais rebutés. Et de ces remerciements, je me fais ici l'interprète une fois pour toutes, n'ayant pas l'intention de continuer à parler régulièrement du concert dans cette chronique du 4e Camp. Mon intérêt pour les concerts ira certainement crescendo, mais je craindrais que mes "provinciales" ne fassent double emploi avec les articles du critique musical du "Tuyau beaucoup plus autorisé que moi pour traiter de pareilles questions.
La Marchande d'écrevisses.

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Echos du 3e Camp

Nous avons eu la bonne fortune d'entendre à nouveau le Groupe Musical du 1er Camp. C'est avec plaisir que nous l'avons vu augmenté d'un premier violon en la personne de notre ami Mesta qui a fui la 3e Cie pour s'adonner entièrement à l'art musical, heureux mortel!
Les musiciens qui venaient de donner une audition au 4e camp nous sont arrivés vers 3 heures, mais le concert n'était prévu que pour 4h1/2 afin de permettre aux artistes de reprendre haleine. Le programme quoique beaucoup moins chargé que lors du 1er concert, était très bien établi. Nous devons encore cette fois beaucoup de remerciements à Monsieur Chatenet et à ses aimables exécutants car ils nous encore fait passer de délicieux moments, et puis chacun a aussi fait oeuvre de charité car la moitié de la reçette est allée grossir la Caisse de secours du Camp.


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