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Retranscription du Tuyau, numéro 18, page 8 (11 novembre 1915)

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Par-dessus les fils de fer

En suivant la musique... Les musiciens ambulants vont de camp à camp recréer leurs camarades. Ils jouent maintenant dans les huit compagnies et à l'hôpital et font l'admiration de tous par leur dévouement et leur zèle inlassable. Dans le programme exécuté cette quinzaine ce sont les marches "Life Guards" et celle du "Prophète" qui obtiennent le plus grand succès, une valse Zingarella est aussi fort goûtée. C'est également le genre que les musiciens semblent préférer et qu'ils jouent avec le plus d'ardeur.
L'ouverture de M.de Pourceaugnac, de Lullé, exécutée d'ailleurs un peu lourdement, ainsi qu'une délicate suite d'orchestre, de Lévadé, plaisent moins au public. Le triomphe de l'orchestre et la joie des prisonniers, ce sont les bals du Dimanche soir au 1er Camp. Poilus de tous âges et de toutes nations: Français, Russes, Anglais, Belges tournent frénétiquement, enlacés deux à deux conduits par les flous flous entraînants de l'orchestre. Tous s'y donnèrent à coeur joie. Et quand vers la fin de la soirée retentit un quadrille endiablé, et que tous gigotent dans la salle, certains musiciens emportés eux-mêmes par leur rythme, tout en soufflant dans leurs instruments esquissent des entrechats.
Le théâtre Larché - Au 1er et 2e Camp la troupe de M. Larché donnait comme plat de résistance la célèbre comédie de Tristant Bernard "L'anglais tel qu'on le parle", admirablement secondé par sa troupe toujours si homogène (malgré un récent départ). Mr Larché fût dans le rôle de l'interprète Eugène, désopilant au-delà de toute expression.
Au 3e Camp - La Matinée de Dimanche organisée par le G.A.R. avec le concours du Groupe Musical présentait un programme très varié: Match de boxe, orchestre, comédie, chant. On a particulièrement applaudi la fine diction de Mr Verdier, l'entrain de M.Schmit, la grâce mutine de Mlle d'Orval.
Rigadin

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Elle et lui

Mlle Nénette d'Orval - Appelée dimanche à faire ses vrais débuts sur la scène. Je dois m'empresser de dire qu'elle a confirmé le succès que son professeur lui avait prédit. Née en 1892, notre étoile qui est également un bon soldat ayant fait ses preuves, appartient donc à l'armée active. Dès sa sortie de l'école, elle avait alors 12 ans, une jupe courte et une grande natte, ses parents la destinent à la tapisserie. Comme elle était bien mignonne et bien sage, ses parents se prirent vite d'affection pour elle et très courageuse, elle sut se créer une bonne situation. Comme tous ses camarades du Camp III est est venue de Giessen à Quedlinburg et à son arrivée ici, ne songeait guère à y devenir célèbre. Excellente camarade et bonne enfant, c'est un petit amour, elle est la joie de notre foyer. Pour ses débuts elle nous a charmés par son talent, sa grâce et sa beauté, les encouragements ne lui feront pas défaut, j'espère qu'elle ne s'arrêtera pas en si bon chemin.
Signes particuliers - Assez grande et très blonde, elle est l'objet des rêves de Mesta. On ne lui connaît pas d'amour sérieux.
Mr Lucien Schmit - Le vrai type de l'enfant du faubourg. Né en 1891 à Paris, sur les hauteurs de Belleville, à sa sortie de classe, alors qu'il était encore tout petit enfant, son oncle le prend comme apprenti coupeur, dans sa fabrique de chaussures du Bd de la Chapelle, mais le gosse n'était pas fait pour tailler du cuir toute son existence, aussi à 14 ans, il lâche son oncle et se place sous la protection de sa belle-soeur l'excellente artiste Mr Sarah Suhamel avec l'idée bien arrêtée de se créer lui aussi une petit place sur les planches. Avec un tel professeur il ne pouvait que réussir et c'est ce qu'il fit. Après des débuts assez obscurs dans divers établissements de son quartier où il chantait le genre Poli, il réussit à rentrer aux Folies-Dramatiques où il débuta sous le nom de Girard en 1911 dans le "Conscrit" aux côtés de Madeleine Guitty, ensuite il passa à l'Européen où il cria quelques rôles dans la revue "Pan Pan" avec Jeanne Bloch, appelé sous les drapeaux peu de temps après nous le retrouvons à Giessen puis enfin, ici où il est l'âme du G.A.R. organisateur dévoué autant que parfait comique, on le trouve toujours prêt à rendre service aux camarades.
Signes particuliers - Très petit, possède un nez à la Cyrano, les jours de concert ne décolère pas un instant de l'après-midi. Possède un faible pour les cigares français dits demi-londres.
E.Payelle


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