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Retranscription du Tuyau, numéro 9, page 2 (4 janvier 1917)

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Au Gui l'an Neuf

Les voeux que nous formulions l'année dernière à pareille époque ont été si peu exaucés, nos espérances ont été si piteusement déçues que nous ne nous risquerons pas au seuil de 1917, à les renouveler sous une forme aussi audacieuse.
La sagesse de l'heure est de savoir limiter ses désirs aux choses "possibles" et de ne point trop attendre du destin, l'on s'épargne ainsi les désillusions amères et les déceptions douloureuses.
En premier lieu "Le Tuyau" souhaite donc à ses lecteurs de conserver la confiance, la bonne humeur et la gaieté d'esprit, indispensables au juste équilibre de la santé morale et physique. Aux heures de découragement, il les invite aussi à reporter leur pensée vers les camarades du front, et à songer que nos petites misères, nos souffrances nostalgiques, sont bien peu de chose comparées aux sacrifices que ceux-ci consentent chaque jour joyeusement.
le "Tuyau" souhaite encore - toujours en se maintenant exclusivement dans le cercle étroit des désirs réalisables - que les institutions du Camp, les utilitaires et les récréatives, continuent à vivre et à se développer.
En procédant par ordre d'importance, il forme des voeux sincères pour que les "Liebesgaben", puissent en 1917, faire des distributions plus fréquentes et plus copieuses qu'au cours de l'année passée. Il souhaite que le "wagon du Forez" qui vient d'arriver soit suivi de beaucoup d'autres...
A la Musique, sa soeur aînée de quelques mois et à laquelle vont toujours ses plus vives sympathies, le "Tuyau" souhaite toutes les prospérités désirables. En dépit des privations artistiques que nous causerait son départ, nous serions heureux de la voir marcher sur les traces de son ancien chef. Notre amour pour elle ne s'entache d'aucun égoïsme.
Il forme encore beaucoup d'autres voeux, l'énumération en serait peut-être longue, oiseuse et subversive. Je les résumerai en une seule phrase: "Le Tuyau" souhaite n'avoir plus rien à souhaiter l'an prochain à pareille époque."
C'est court, c'est clair - si l'on veut - et cela résume tout. En vérité je n'ai nulle envie d'entrer en conflit avec dame Anasthasie. Pour commencer l'Année, ce serait ne croyez-vous pas, de mauvaise politique et d'inquiétant augure!

J.Monjour

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