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Retranscription du Tuyau, numéro 38, page 1 (27 avril 1916)
Le n°10 pfg 27 Avril 1916 N°38
LE TUYAU
Organe hebdomadaire des Prisonniers de Quedlinburg.
Rédacteur en Chef: J.Monjour
Rédaction Administration Baraque 6.A

Image de Chez-Nous Versailles - Fontainebleau - Compiègne
Trois châteaux qui furent des résidences royales ou impériales, aujourd'hui musées de l'histoire trois parcs artificiels ou naturels, promenades favorites des Parisiens avides de grand air. Laissons les théories de touristes jeter un regard rapide, à travers leur Boedecker, sur les merveilleux amoncellements de pierre, laissons les pénétrer dans ces temples consacrés à toutes les gloires de la France, et sans respect pour les ombres de Louis XIV de Napoléon Ier ou de Napoléon III, dirigeons nos pas vers la Grand-Canal Franchard ou Vieux-Moulin. A nos yeux de promeneurs paisibles Versailles offrira successivement des spectacles bien différents: imposante majesté du Parc du Château, agréable fraîcheur du jardin anglais du Petit-Trianon, sombre et presque impénétrable profondeur des taillis du Grand Parc. Des allées rectilignes bordées de murs de verdure et surmontées d'une voûte ogivale de feuillage, des pelouses aux formes géométriques, encadrées de parterres de fleurs dessinés à la règle et au compas, des bassins disposés symétriquement et sertis d'une bordure de marbre des ifs en rang d'oignons, taillés en pyramide ou en cône des statues alignées comme pour une parade. Tel nous apparait le parc du Château, du haut des marches de pierre au pied desquelles des tritons d'or projettent sur Latone, contractée, frissonnante, des myriades de gouttes d'eau irisées. Grandiose décor de féerie, mais plus grandiose encore au soleil couchant. A ce moment en effet, l'énorme disque de feu semble lentement plonger dans le Grand-Canal dont les eaux alors embrasées et toujours agitées nous donnent l'impression d'un torrent de lave en fusion s'échappant du cratère d'un volcan en pleine activité. Plus près de nous, formant l'axe du Parc, le "Tapis Vert" que l'heure fait paraître plus vert encore, s'allonge entre les masses déjà noires des bosquets, tandis que les statues de marbre qui le bordent prennent des teintes rose clair et semblent s'animer. A nos pieds paraît avoir été déroulé un immense tapis de la savonnerie, les parterres ne présentent plus aucun relief. A notre gauche la pièce d'eau des Suisses, véritable miroir, nous renvoie l'image de Louis XIV costumé en empereur romain, à notre droite, au-delà des trois marches de marbre rose, sort d'une large tache glauque le trident de Neptune. Mais bientôt, trop tôt, le soleil a disparu; tout s'est évanoui dans l'ombre, seules quelques vitres du Château rougeoyent encore, un courant d'air frais et humide a emporté notre décor. Tout est silencieux, une voix lointaine raconte l'enlèvement de Proserpine. A côté de cette oeuvre imposante du Grand Siècle, à quelques pas de ces allées fastueuses où se sont déroulés les cortèges du Grand Roi, le parc du Petit Trianon nous offre ses sentiers étroits, ses ruisseaux à cascades, ses petits étangs aux rives sinueuses. Tout ici incite au plaisir et à l'amour. Pavillon de la Musique salon des arts, petit théâtre, hameau en miniature autant de lieux de plaisir où se complaisaient Marie-Antoinette et sa cour. Temple élevé à "l'Amour", grottes aux détours imprévus, corniches surplombant des
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