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Retranscription du Tuyau, numéro 11, page 6 (23 septembre 1915)

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2° Russe - Par décret impérial, la Douma a été ajournée jusqu'au milieu de Novembre (16 7bre). Cette mesure contre laquelle s'étaient prononcées presque toute la presse et la grande majorité de la Douma elle-même est généralement considérée comme une victoire de la bureaucraite sur le représentation nationale.
IV Finances, Commerces - 1° Un congrès franco-italien, organisé par l'initiative privée, s'est ouvert le 15 7bre dans la Villa Lilotte sur le lac de Côme. L'objet de ce congrès est de fortifier par des relations commerciales plus étroites l'amitié qui unie la France et l'Italie.
2° Les délais de souscription au 3e emprunt allemand expirent le 22 septembre 1915. Nous indiquerons à cette date les résultats qu'aura donné donnés l'emprunt.
3° Les Alliés se proposent actuellement de contracter un emprunt considérable en Amérique. Nous publions ci-dessous deux dépêches relatives à cet emprunt. Londre 15 7bre (W.T.B.) Les "Central News" annoncent de Washington que P.Morgan a convié à une fête de bienvenue les financiers anglais et français ainsi que 175 banquiers et gens d'affaires éminents d'Amérique. On tient pour certain que les Allés vont réussir à contracter un emprunt de 100 millions de livres sterling à 5%. La presse allemande d'Amérique est tout à fait hostile au projet d'emprunt.
Washington (16 7bre) (Reuter) Le secrétaire d'Etat Lansing a expliqué que l'emprunt projeté ne constituait en aucune façon une violation de neutralité. Sile gouvernement américain s'est opposé antérieurement à des tentatives d'emprunt, c'est que ces emprunts d'un caractère officiel, auraient eu pour résultat de faire sortir d'Amérique de grosses quantités d'or. Tel n'est pas le cas aujourd'hui. L'emprunt projeté permettra simplement aux puissances alliés de se faire ouvrir dans les banques américaines des comptes créditeurs sur lesquels viendront se faire payer leurs créanciers américains. Le gouvernement des Etats-Unis ne voit là qu'une de ces opérations commerciales sur lesquelles les Etats neutres n'ont jamais eu de contrôle à exercer.
V Divers - Un monument vient d'être élevé à Lausanne, à la mémoire d'Edouard Rod. Rod était en effet d'origine suisse, et, par fidélité à son pays natal, n'avait jamais voulu se faire naturaliser français. C'est la seule raison qui l'ait empêché d'entrer à l'Académie française.
L. Calvet

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Chapitre IV
Un pas de plus dans le Mystère!

L'inconnue sortit alors un petit flacon de sels de son réticule, le respira à plusieurs reprises et fatiguée de l'effort qu'elle venait de fournir, d'une voix lente, monotone, douloureuse, de la voix dont une condamnée à mort eût pu dicter ses dernières volontés, elle continua, s'adressant au jeune journaliste:
"Vous êtes bien n'est-ce-pas Mr Xavier Dupont, c'est bien vous qui l'an dernier eûtes un duel à la suite d'un article violent commentant une pièce à scandale "Une femme pervetie en vaut deux" jouée sur une petite scène du boulevard.
C'est bien vous aussi - excusez-moi cette seconde question indiscrète - qui avez jusqu'à ces derniers temps, vécu avec la principale héroïne de cette pièce, une femme que vous aviez dit-on fait acquitter en cour d'assises, lors d'un dramme passionnel récent, grâce à vos hautes relations dans la magistrature!
- Vous êtes on ne peut mieux renseignée Madame, dit à son tour Xavier Dupont, essayant de sourire, je me suis battu au pistolet avec un certain défenseur de la morale, mais grâce au ciel et à ma maladresse je n'ai pas de meurtre sur la conscience. Tant qu'à la femme pervertie à laquelle vous faîtes allusion, je l'ai en effet cueillie sur les marches de la Cour d'Assises, elle fût ma maîtresse quelques semaines au plus et elle me quitta un beau matin sans me laisser d'adresse ni de regrets! Je serais bien incapable d'écrire sa biographie, je sais seulement qu'elle était menteuse et perfide; mais vous avouerez que ce n'est pas là un signalement suffisant pour la distinguer de beaucoup d'autres!
- A mon tour, Madame, poursuivit Xavier Dupont est-il indiscret de vous demander quel intérêt ces choses-là peuvent avoir pour vous, je ne m'explique pas...
- Vous comprendrez plus tard Monsieur et vous ne regrettrez pas de vous être confié à moi. Tout s'enchaine... me permettez-vous encore quelques questions?
- Faites Madame?
Est-ce que votre ancienne maîtresse, qui si je ne me trompe se faisait appeler Marinette, n'avait pas tenu l'affiche autrefois comme chanteuse légère dans des petits bastringues de quartier sous le nom de Dora? N'est-ce pas par allusion au passé de cette femme que certains de vos amis peut-être intéressés à établir la confusion vous ont baptisé de ce prénom féminin?
- Je regrette bien vivement de ne pouvoir satisfaire votre curiosité, mais Marinette alias Dora, alias toutes les saintes du Calendrier ne me fit jamais de confidences. Par une volumineuse correpondance qu'elle oublia chez moi, j'appris qu'elle aimait souvent changer d'état-civil, à mes dépens, j'appris qu'elle n'aimait pas moins souvent changer d'amant.
(A Suivre) Les Six
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