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Retranscription du Tuyau, numéro 12, page 4 (30 septembre 1915)

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Le théâtre ambulant Larché au 1er Camp

Prenez trois bancs, quatre tables, douze couvertures, couvrez, emboitez, ajustez, pendez, étendez, plantez une table à gauche, faites pousser un fauteuil à droite, laissez reposer 1/4 d'heure, dévastez le "Tuyau" et sa bibliothèque, revenez rapidement avec votre butin, appliquez quelques lithographies, répandez quelques brochures, au fronton fichez un masque et vous avez une scène qui pour avoir été en un clin d'oeil bâclée, répond à tous les besoins de la troupe la moins exigeante.
Dans cet étroit espace de quelques pieds carrés ils ont évolué à plus de douze, oui Madame (c'est à la marchande d'écrevisses que je parle) et très à l'aise encore, l'un après l'autre bien entendu.
Hagard comme s'il sortait de la tranchée après soixante heures de bombardement, Mr Pasqualini a chanté les charmes des P'tites Midinettes. Ah! P'tites midinettes aux cheveux fins et au trottinement provoquant, que vous êtes donc loin.
Mr Riguelle chante comme un pinson, siffle comme un merle et danse comme feu saint Guy lui-même.
Mr Vozelle que hantait sans doute le souvenir de délices passés à poussé d'un air un peu las un hymne à Nathalie et puis soudain ragaillardi, un autre, moins langoureux à Marie. Mr Lemoine, tout seul, tout seul, puisqu'il paraît que sa maman le laisse faire (le cher petit) il a à peine 30 ans a tombé en se jouant Marinette. Mr Proost, nous a promené d'Espagne à la gare de Lyon d'où il a failli nous faire repartir pour la Côte d'Azur. C'est un rude voyageur en compagnie duquel on ne s'embêterait pas d'ailleurs, pour peu qu'il vous convie à l'écouter.
J'ai eu, il n'y a pas bien longtemps, plaisir à complimenter Mr Vacherot sur ses allures de gentleman. Je ne savais pas qu'il put aussi bien faire le voyou. Sa complainte du Grand-Frisé a du donner le frisson à quelques spectateurs. Le répertoire de M.Larché est aussi varié que plaisant.
Ce jeune artiste s'entend à faire vibrer le fibre sentimentale. Il ne compte plus, parait-il, les yeux qu'il a fait pleurer. M.Mrs Pierre et Mundler, à qui manquait malheureusement l'accompagnement musical, ont apporté au concert la note classique. De sa voix bien posée et fort agréablement timbrée Mr Mundler dans le "Rêve du prisonnier" de Rubinstein nous a touché l'âme. Je ne dirai rien de la "Chance du Mari" finement analysée dans le programme. Enlevée avec brio

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Le Mystère de la femme au Poignard
Chapitre IV - Un pas de plus dans le Mystère

Elle affactait volontiers des airs mystérieux, elle s'absentait parfois des après-midi entières; moi qui de mon côté tenais à ma liberté, j'avais cru qu'elle voulait seulement piquer ma jalousie et n'attachais aucune importance à ce manège. Mais quand après notre rupture j'ai parcouru quelques'unes de ces lettres qu'elle avait laissée chez moi, je me suis aperçu que pour tous ces correspondants, amants passés, présents ou futurs, elle restait aussi mystérieuse. Je me souviens, tenez qu'un entre autres semblait ne la connaître que sous ce nom bizarre "la dame au signe".
- "La dame au signe, interrompit Aubemont mais fichtre je l'ai connue moi, toute jeune n'est-ce-pas, plutôt petite, blonde avec les cheveux coupés courts et bouclés... Elle n'avait jamais boulu me dire son nom et je l'avais baptisée ainsi pour un grain de beauté qu'elle avait... assez bas entre les deux épaules, acheva en souriant Dupont... et voyant que leur voisine, le regard absent, paraissait ne pas les entendre.
- Je ne vais pas faire de la jalousie rétrospective, mais tout de même, mon cher, dites-moi... les lettre ne portaient aucune date, à quelle époque l'avez-vous rencontrée?
L'Inconnue venait de respirer à nouveau son flacon de sel, elle était redevenue attentitve et ses yeux ne quittaient plus Aubemont tandis que celui-ci lentement répondait. "Mon Dieu, la dame au signe a été ma dernière maîtresse avant mon mariage, il y a donc environ 3 ans et demi et une lettre datait du tout début de notre liaison. J'ai rompu quand j'ai senti que le béguin tournait au collage et quand au moment de mon mariage, ma fiancée et moi avaons reçu des lettres donner? portant la même signature. ? que celles qui nous réunissent aujourd'hui c'est à la dame que je les avais attribués!
- Et vous aviez raison Monsieur, dit alors l'Inconnue d'une voix moins blanche, mais toujours grave, et ce que vous venez de rappeler me permettra de vous exposer plus facilement ce que j'étais venue vous apprendre.
La porte du bar venait de s'entre ouvrir, un homme vêtu comme le chauffeur d'une voiture de maître, était entré dans le débit, négligeant le comptoir, où depuis quelques instants un garàon apparu aux côtés du patron, manipulait des verres, il marcha vers la table, contourna la dame en noir, qui lui tournait le dos, attendit qu'elle eût terminée sa phrase, puis se plaçant en face d'elle - "Je me permets de rappeler à Madame dit-il en se découvrant respectueusement que l'heure avance, et si Madame ne vient pas de suite, nous n'arriverons certainement pas à la gare à temps pour le train."
L'Inconnie avait eu un sursaut, elle leva des yeux agrandis sur l'homme qui la regardait bien en face, elle eut un mouvement comme pour porter le flacon à ses narines, mais le geste à peine esquissé, son bras retomba. Il y eut dans son esprit comme une sourde lutte, puis, se levant et d'une vois devenue monotone: "Messieurs, dit-elle en baissant son épaisse voilette, excusez-moi, mais l'heureu me presse en effet. Je vous ferai savoir


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