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Retranscription du Tuyau, numéro 3, page 4 (29 juillet 1915)
canon, hier encore perceptible, n'arrive plus jusqu'ici. Paris est sauvé! Et c'est encore un après-midi de chemin de fer. Nous sommes sur la ligne de Belfort que j'ai si souvent prise autrefois. Voici Groetz puis Rangis où un Tommy anglais entreprenant et expansif nous montre la photographie d'une petite bonne femme dont il a fait la connaissance et qui lui veut du bien. Voici Longueville. Peu à peu le soir tombe sur les plaines de la Brie et de l'Aube, puis la nuit, mais une nuit pleine de mystère où, pour nos imaginations surrexcitées par la proximité des champs de bataille, chaque voiture est une batterie d'artillerie, où chaque meule de paille protège le repos d'une troupe en armes. Enfin l'on arrive à Romilly. Le train s'arrête, se gare. Nous n'irons pas plus loin aujourd'hui. Et demain, grande nouvelle! Nous repartirons mais dans la direction du Nord. Il n'est plus question de Chatillon sur Seine. Les Allemands battent décidément en retraite. Le 36e qui dans la victoire a trouvé de nouvelles forces est à leurs trousses. Et c'est dans la Champagne délivrée que nous irons le rejoindre.
Mercredi 9 septembre Le petit train de Romilly à Esberney nous emmène vers la Marne. La ligne est pittoresque. Nous traversons des bois, où le soleil de septembre se joue sur les mousses du sol à travers les arbres. Des villages sont blottis au creux des vallons dans la verdure. Tout est paisible. Et pourtant à mille indices nous sentons que nous approchons des champs de bataille. A Villenouxe d'abord, la voie est coupée, et il nous faut attendre une heure qu'elle soit réparée. Plus loin, sur les routes ensoleillées que nous longeons, l'on voit des paysans qui avaient fui devant l'invasion et qui reviennent maintenant que la menace est conjurée, poussant devant eux les charettes où s'entasse leur pauvre mobilier. Puis ce sont des chevaux crevés qui gisent dans les champs, ça et là, étendus sur le flanc, raides, avec cet aspect légèrement comique de chevaux de bois que la mort leur donne et que depuis un mois les gravures de l'Illustration nous ont rendu familier. Enfin de place en place les fils télégraphiques sont coupés ou arrachés. Il est midi. Depuis huit heures nous roulons quand soudain le train passe sous un pont gardé militairement, ralentit, s'arrête dans une petite gare ensoleillée, où déjà deux autres trains stationnent. C'est Esbernuy. "Tout le monde descend". La première partie de notre voyage est terminée et c'est à pied désormais que nous allons courir à la poursuite de notre régiment. (à suivre) L.Calvet
Revue de la Presse
"Le Bruxellois", édition du 15 Juillet 1915 Vienne 13 Juillet - On annonce du quartier de la presse de guerre: "... l'accusation portée contre nos troupes du territoire de Krec qu'elles utilisent des obus explosifs est naturellement aussi fausse. L'adversaire semble ignorer que les obus en touchant un sol pierreux ou rocheux changent de forme et éclatent." N.D.L.R.
Cette communication officielle, puisqu'elle émane du quartier de la presse de guerre, nous révelerait ce fait stupéfiant que les batteries Autrichiennes, au moins sur le front Sud-Ouest, ne tirent qu'à boulets, c'est à dire en utilisant comme projectiles des blocs pleins en pierre ou en métal. Si extraordinaire que semble cette nouvelle, elle permettrait de comprendre que le généralissime Cadorna puisse annoncer que les pertes de l'armée italienne bien qu'assaillante, sont beaucoup plus faibles que celles des troupes autrichiennes.
Journal de Magdeburg 2e Edition 26/7/1915 Le Berliner Tageblalt apprend que des journaux américains reproduisent sérieusement une motion du commerçant bien connu Wanamaker qui, à la tête d'un comité américain veut entrer en négociations avec l'Allemagne pour prendre en main les pourparlers de paix. Pour Mr Wanamaker, la seule difficulté c'est la Belgique. A lui seul il garantit 300 000 000 de francs et s'emploiera à réunir d'autres souscriptions américaines. Quand la Belgique n'embarassera plus la route, le trust américain de la paix inviterales diplomates européens à une conférence de la paix.
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