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Retranscription du Tuyau, numéro 5, page 6 (12 août 1915)

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La quinzaine musicale

Ces deux semaines écoulées ont amené quelques changements dans la vie des membres du Groupe Musical. Celle-ci s'écoulait du lever au coucher dans la salle de répétition où ils acceptaient avec joie d'être les esclaves des Muses.
On a réclamé les musiciens le matin pour les corvées, l'après-midi ils continuaient à jouir de l'exemption de travail, afin de faire de la musique. A 18 heures la salle devait être fermée et ils n'avaient plus qu'à se reposer des heures de labeur...
Heureusement, moins soucieux de notre repos et de notre santé, on nous a redonné l'autorisation de travailler jusqu'à 21 heures. Nous en sommes reconnaissants. Quatre heures quotidiennes de répétition nous permettaient à peine de monter nos concerts hebdomadaires.
Nous avons donné deux nouveaux concerts à l'hopital, les lundis 2 et 9 août, un seul au Camp le 1er août, celui du dimanche dernier n'ayant pas été autorisé. Nous comptons dédommager nos fidèles auditeurs de ce fâcheux contretemps le XV en leur donnant un programme intéressant.
Les instruments de la musique continuent à arriver.
Monsieur Lebas est en possession d'une excellente clarinette, qu'il met à la disposition du Groupe Musical.
Monsieur Kircher a reçu des partitions de plusieurs éditeurs de musique parisiens, notamment de la maison Gaudet. Une importante commande passée en Allemagne et maintenant livrée, augmente encore notre bibliothèque.
Nous possédons aussi deux nouveaux pistons (grâce à la générosité de Mr Richert et Turquer), en remplacement du vieil instrument qui a été racheté par notre luthier.
Nous ne nous enrichissons pas seulement en matériel! L'administration du "Bar des Rescapés" nous a apporté 40 Mks. A l'hopital il a été remis à notre trésorier une boîte de cigares et un don anonyme de 2Mks.
Le Groupe Musical remercie vivement tous ces généreux donateurs.
En dépit de ces encaissements le trésorier me faisait remarquer que notre caisse est toujours vide. Cela importe peu aux exécutants.
E.L.Ch.

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Troisième Provinciale

Il paraît que j'ai beaucoup contristé M.M. Mundler et Moulin en leur attribuant la propriété des "Tétardus" que j'ai mentionnés dans ma précédente causerie. Rendons à César ce qui est à César et au sympathique trio des cuisiniers Popote-Coco-Etourneau le droit de se dire possesseurs des intéressants animaux. Je garderai d'ailleurs désormais le silence au sujet de leurs chères études, car ils estiment que des recherches scientifiques comme les leurs ont besoin du silence du cabinet et s'accomodent mal de la publicité. Dont acte.
De mauvais langues prétendent que l'agitation excessive suscitée par l'information si simple et si bienveillante du "Tuyau" tient à la crainte qu'ont les amis des "Tétardus" de voir l'intérêt public se porter sur les élevages rivaux qu'à suscités ma nouvelle il parait en effet que celle-ci a éveillé l'attention d'autres savants du Camp IV et a orienté leurs efforts vers les sciences naturelles. Après tout, si cela était j'en serais enchantée. Mais en fait je crois n'être pour rien dans la faveur qu'obtient le ver à soie à la baraque 23B, et le ver de viande à la baraque 24B où Mr Delaunay, chasseur éminent et pêcheur émérite, fabrique un délicieux appât pour les goujons et verons de la rivière de Quedlinburg.
Le camp IV a perdu en revanche une des ses curiosités avec le départ de MM Houbron père et fils. Tous deux étant tisserands ont été jugés posséder les connaissances requises pour faire de bons ouvriers de carrière et tous deux ont été côte à côte acheminés vers une "grube".
Ne nous laissons pas aller à la mélancolie puisqu'aussi bien la troupe théâtrale nous a apporté dimanche dernier de la joie pour plusieurs jours. Après une partie concert particulièrement soignée où l'on applaudit M.M. Chaffraix, Vozelle, Pasqualini, Ville, Lemoine, Cohen, Christiani, Vacherot, Mundler, Janson, Pairault et Larché, le rideau (car il y a un rideau) s'ouvrit sur un décor somptueux parfaitement adéquat au cadre de la "Chance du Mari" de MM de Flers et Caillavet. Mr Roux fut charmante et gracieuse dans le rôle de Suzanne et si Mr Lebailleur n'avait prêté à son mari le comte d'Esteuil beaucoup d'habileté et d'adresse, nul doute qu'elle n'eut entraîné aux pires folies ses deux amoureux, l'américain scientifique Bobly Hanson (Mr Camille Larché) et le mondain et élégant vicomte d'Arzac (Mr Lucien Vacherot). Mr Moulin fait le plus stylé des domestiques, il a conservé les traditions du grand siècle.
A l'orchestre (M.M.Capinaux (flûte et hautbois) Fournier


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